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Contenus des manuscrits

Le terme de cantigas n'est pas à prendre au sens de cantiques tel que nous l'entendons aujourd'hui : il ne s'agit pas de chants ecclésiastiques ou de chants bibliques. Il faut plutôt l'entendre dans le sens de chansons (comme les "cancos" des Troubadours), même si leur thème est religieux.

 

Les cantigas de Santa Maria peuvent être regroupées en trois catégories :

- la grande majorité (environ 90 %) relate des miracles accomplis par la vierge Marie ("cantigas de miragres"). Ces miracles ont été compilés en Europe et sur l'ensemble du pourtour méditerranéen (voir onglet "cartographie"). Il peut s'agir de petits miracles, quand Santa Maria aide des pèlerins à retrouver le morceau de viande qui leur a été dérobé, mais aussi de miracles plus importants, quand elle ressuscite un mort. On dénombre en tout 356 miracles.

- les autres cantigas (celles numérotées par des dizaines) sont des chants de louanges à la Vierge Marie. Dans ces "cantigas de loores" les bienfaits et la beauté de Santa Maria sont célébrés par le texte et la musique.

- à la marge, quelques cantigas ne sont ni des louanges ni des récits de miracles mais des chansons liées à une fête religieuse. C'est le cas pour les dernières chansons du manuscrit.

 

Les cantigas de Santa Maria s'inscrivent dans le mouvement du culte marial (ou dévotion mariale), qui est en plein essor au XIIIe siècle en Europe. Dans les premiers temps du Christianisme la Vierge Marie n'était pas célébrée. Ce n'est que petit à petit, au cours des siècles, que les Chrétiens se mettent à la vénérer. On peut y voir le remplacement des fées de la culture païenne par une figure féminine chrétienne, Marie.

 

La langue utilisée pour rédiger les textes est le galico-portugais. Ce n'est pas la langue parlée couramment dans le royaume de Castille, mais dans le nord-ouest de la péninsule, en Galice, où Alphonse a séjourné dans sa jeunesse. C'est néanmoins la langue littéraire et poétique utilisée dans les différents royaumes chrétiens d'Espagne et du Portugal aux XIIe et XIIIe siècles. 

 

Les cantigas de Santa Maria sont des monodies, des chansons à une seule voix. Il n'y a aucune indication en ce qui concerne leur interprétation : un ou plusieurs chanteurs? Interprétation à capella?  Accompagnement par un ou plusieurs instruments? Si on se fie aux miniatures des manuscrits qui montrent de nombreux musiciens et chanteurs présents aux côtés d'Alphonse le Sage, toutes ces interprétations sont plausibles.

La notation musicale utilisée pose des problèmes d'interprétation rythmique aux musicologues (voir plus haut). La même cantiga peut ainsi être interprétée avec des rythmes très différents d'un artiste à l'autre.

 

Il y a une certaine homogénéité des formes littéraires et musicales parmi les 427 cantigas. Ce sont principalement des chansons à refrains, seules dix cantigas n'en possèdent pas. La majorité est en forme de virelai, genre musical et poétique très répandu alors en Europe : une mélodie pour le refrain, puis un couplet avec une autre mélodie mais qui se termine par la même mélodie que celle du refrain, avec d'autres paroles (A / B A', A / B A'...). Certains musicologues y voient plutôt la forme du "zajal" andalou, chant arabe qui s'inspire d'anciennes traditions ibériques, dont la structure est sensiblement la même que le virelai. L'influence musicale arabe sur les cantigas a toujours été un sujet âprement discuté par les musicologues spécialisés. Quelques cantigas sont dans des modes rythmiques qui ne s'accordent pas avec les théories occidentales mais qui prennent leur sens si on les compare aux traités arabes.

On trouve néanmoins des cantigas en forme de rondeau (AB / AAAB / AB). Quelques-unes utilisent la forme de chants strophiques sans refrain, comme le prologue ou la primera cantiga. 

Les mélodies sont compatibles avec le système des huit modes grégoriens, mais certaines cantigas s'écartent parfois de la modalité attendue.

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